Nous sommes 3 sœurs, Dorothée, Maud et Vérane. Nous accompagnons notre maman, atteinte de la maladie d'Alzheimer précoce diagnostiquée en janvier 2016. Quand nous nous sommes posés la question de l'emmener consulter, cela faisait déjà quelques années que nous avions remarqué des signes suspects, nous décidant un jour d'aller faire les examens adéquates qui nous ont permis de poser le diagnostic et le nom tant redouté. Nous n'avions alors « seulement » 32 ans, 31 ans et 27 ans. Trop jeunes pour inverser les rôles ! Trop jeunes pour ne plus pouvoir compter sur sa maman ! Trop jeunes pour être aidantes alors que nous sommes nous-même en pleine construction de nous-même en tant que femmes et mamans ! Trop jeunes pour voir sa maman avoir des troubles du comportement ! Nous nous retrouvons déroutées, nous restons fortes pour la forme mais nous sommes toutes les 3 effondrées, nous cherchons des écrits pour nous aider et nous expliquer en quoi consiste le rôle d'aidant en tant qu'enfant. Mais nous ne trouvons rien. Du coup, nous tâtonnons, avançons comme nous le pouvons. On se comporte normalement avec maman, on lui explique calmement un geste qu'elle a pourtant l'habitude de faire au quotidien mais qu'elle ne sait plus faire, on termine ses phrases pour elle, on colle des post-it de partout à la maison pour l'aider (ne pas oublier ses clés, ...), on note tout dans son cahier memo qu'elle avait tout le temps avec elle, on lui confie nos enfants (non pas sans appréhension mais nous voulions continuer une vie normale et que maman joue son rôle de grand-mère), on lui laisse encore réaliser seule des tâches pour la maison (poster une lettre, faire les courses, aller chez son orthophoniste, ...). Puis, au fur et à mesure que la maladie avançait, elle avait de plus en plus besoin d'assistance jusqu'à ce que ce ne soit plus possible pour nous à gérer...